« Aujourd’hui, réussir sa vie ne signifie plus une carrière accomplie, mais plutôt de multiplier les opportunités »
Jean Viard, Sociologue, Auteur de Nouveau portrait de la France
Utilisé pour la première fois en 2007 par l’américaine Marci Alboher dans son ouvrage « One Person, Multiple Careers », le terme « slasheur » s’est depuis popularisé en France. Il y a d’ailleurs rejoint le Larousse en 2020, qui le définit de la manière suivante : « Personne, généralement issue de la génération Y, qui exerce plusieurs emplois et/ou activités à la fois ».
Le slashing est donc aujourd’hui le fait de passer d’un emploi à un autre, de slasher d’un job à l’autre. Ce terme désigne les personnes qui ont 2 voire quelques fois 3 jobs en même temps.
Auparavant subi, le « slashing » est de plus en plus perçu comme un moyen de s’épanouir en tant qu’individu au cours d’une carrière.
L’histoire du slashing…
Selon Marielle Barbe, auteure du livre Profession Slasheur, le slashing n’est pas un phénomène récent. En effet, la Renaissance prône la figure du « polymathe », personne érudite dans de multiples domaines. Léonard de Vinci était par exemple un célèbre slasheur de l’époque, s’illustrant dans des domaines aussi variés que la peinture, la musique, l’architecture, l’astronomie, l’ingénierie militaire, les mathématiques, l’anatomie…
Cependant, la révolution industrielle vient contrer cette norme avec la préférence à la spécialisation et à l’expertise. Les ouvriers spécialisés excellent dans un domaine et n’en sortent plus. Tendance qui trouve son apogée pendant les Trente Glorieuses. Tout cela renforcé par l’image, véhiculé par l’éducation, d’un métier que l’on exercerait tout au long de sa vie, est encore fort dans les esprits.
Aujourd’hui, le slashing connait une énorme expansion, et cela est dû notamment aux aspirations personnelles des salariés désireux de s’ouvrir au monde et développer leur plein potentiel.
Si vous souhaitez approfondir le sujet : www.mariellebarbe.com
…jusqu’à aujourd’hui !
D’après une étude sur le futur du travail en 2030, les formats traditionnels du travail comme le salariat, le freelancing, etc. s’hybrident de plus en plus. Capables de développer leurs compétences en permanence, les slasheurs sont ainsi des personnes multifonctions parfaitement adaptés à l’évolution du travail.
Les slasheurs sont bien entendu influencés par la conjoncture, notamment la digitalisation et la nomadisation du travail. Même si le besoin de s’épanouir reste le principal facteur, les slasheurs sont incités à se diversifier et à adapter leurs compétences dans un monde du travail de plus en plus incertain, qui prône agilité et flexibilité, et où il est vital de savoir questionner ce que l’on apprend et rebondir en cas d’échec.
Les personnalités dans le slashing
Selon Marielle Barbe, les slasheurs ont tous pour point commun d’être des personnes curieuses, enthousiastes, qui explorent très vite les sujets et ont la capacité à faire des liens. Ces multi-potentiels ont comme ambition principale le souhait de se réaliser pleinement. Ils craignent avant tout de se sentir enfermés, davantage qu’ils n’ont besoin de sécurité matérielle. Ils savent se remettre en question, apprennent en permanence et intègrent rapidement de nouvelles notions.
Cependant, ces personnalités sous souvent plus rapidement sujettes à l’ennui, et risquent de se disperser plus facilement. Voilà pourquoi la rigueur est une qualité.
Quelles activités concernées
Selon Thierry Bobineau dans un article du LCI, « Tout comme le télétravail, le cumul de plusieurs activités salariées varie selon le secteur d’activité. Ainsi, 13% des salariés de l’éducation et la santé sont concernés. Le multi-emploi concerne aussi 11% des salariés du BTP, des services aux particuliers et du commerce et de l’hôtellerie. À l’inverse, seuls 5% des salariés de l’industrie, de la banque-assurance et de l’administration sont concernés. »
« Autre constat, les slasheurs sont plus nombreux parmi les personnes disant accorder beaucoup d’importance au travail. Et sur le plan géographique, on observe que plus la ville est importante moins on trouve de situations de multi-emplois. Très logiquement, les salariés à temps partiel sont largement plus représentés (26%) que les salariés à temps plein (6%). Le contexte de télétravail (régulier ou ponctuel) est également surreprésenté dans cette population de slasheurs : 26% en bénéficient. »